Mes chers amis, j’ai pu enfin arriver hier à SXM.

Dès l’atterrissage, on est consterné par le paysage de désolation qui entoure l’aéroport de Grand Case.

Une ambiance de tristesse vous pèse telle une chape de plomb.

Chacun vous raconte le récit de sa nuit et ses journées d’horreur, de frustration, de colère, de révolte sourde ou de résignation.

Nul ne sait dans quel sens ça basculera, dans l’après Irma, mais assurément, plus rien ne sera comme avant à Saint-Martin….

Aujourd’hui, avec l’aide de ma secrétaire, j’ai pu pénétrer dans les vestiges de notre cabinet, évacuer beaucoup d’eau et mettre au sec ce qui est encore récupérable.

Les pertes sont considérables, mais j’ai récupéré ma robe d’avocat vieille de 25 ans, avec laquelle j’ai prêté serment en 1992 à la Cour d’Appel de Paris. Malgré la moisissure elle conserve pour moi une valeur sentimentale et elle sera encore, après un passage au pressing, opérationnelle.

Il reste beaucoup à faire, tant pour moi même que pour la communauté Saint- martinoise, qui m’a adopté depuis fort longtemps.

Mais compte tenu des difficultés pour s’alimenter et d’autres contraintes, je vais tenter demain de rentrer en Guadeloupe, quitte à revenir la semaine prochaine.

Sans vouloir casser le formidable élan de solidarité qui se manifeste ici et là, je crois vraiment qu’aujourd’hui, ce qu’il faut aux Saint-martinois relève essentiellement de la puissance publique: assainir, rétablir les réseaux d’eau, électricité, téléphone, transport, restaurer le service public de santé, les écoles, même si chacun doit mettre la main dans le cambouis.

Compte tenu de ce que je vois, j’ai même peur qu’on ne soit en train de basculer dans des abus, gaspillage et détournements d’une aide portée de bon cœur de la Caraïbe, des USA, de l’Europe …etc mais qui commence à se révéler inappropriée, inadéquate…

L’aide humanitaire c’est bien!!! C’est même super!!

Mais quand on met en œuvre des actions, de toute part, sans aucune évaluation des besoins et sans assurer une distribution ciblée et efficace des denrées, on peut craindre que la communication et l’ego-centrisme ne prennent le dessus sur la nécessité et le vrai humanisme.
Guadeloupe – Saint Martin
One people – One love
Harry DURIMEL